AESH dévouée: Combattre les défis de la violence et du manque de reconnaissance

Emma Martin

Dans les coulisses de nos écoles, un groupe essentiel de professionnels se bat silencieusement pour garantir une éducation inclusive et équitable à tous les élèves, y compris ceux ayant des besoins particuliers. Parmi ces héros de l’éducation se trouve un personnel de soutien dévoué connu sous le nom d’AESH (Accompagnant d’Élève en Situation de Handicap). Leur mission est de créer un environnement d’apprentissage sécurisé et inclusif pour les enfants en situation de handicap, leur permettant de s’intégrer pleinement dans la vie scolaire.

Aujourd’hui, nous vous présentons le témoignage poignant d’un AESH qui travaille au sein d’un dispositif ULIS TSA (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire – Trouble du Spectre de l’Autisme) depuis septembre 2020. Cet AESH, dont le nom reste anonyme pour des raisons évidentes, partage son expérience unique et sincère de travailler aux côtés d’enfants porteurs de troubles du spectre autistique, y compris ceux qui présentent des déficiences extrêmes. Dans son récit, nous découvrirons les joies et les défis de cette profession, ainsi que les vérités brutales qui se cachent derrière le rôle d’un accompagnant.

L’histoire de cet AESH est un rappel puissant que, bien que leur travail soit souvent méconnu ou négligé, ils jouent un rôle vital dans le système éducatif, contribuant à façonner l’avenir des élèves à besoins spéciaux. Suivez son parcours, marqué par des actes de dévouement, des moments de crise, et une quête de reconnaissance au sein de la communauté scolaire.

 

“Je suis AESH en dispositif ULIS TSA depuis septembre 2020. Je travaille au quotidien avec des enfants porteur de trouble de l’autisme. J’ai pu travailler avec des élèves autistes de tous type, notamment des enfants extrêmement déficients. J’aime profondément ce métier qui me donne la chance d’être utile auprès d’enfants à besoins particuliers en les aidant à s’intégrer à l’école, en les accompagnant dans les gestes du quotidien qui parfois peuvent être compliqués pour eux à réaliser ainsi qu’en les accompagnant dans leurs apprentissages.

Certains peuvent malheureusement se montrer extrêmement violents, j’ai plusieurs fois été mordue, poussée dans les escaliers, menacée, insultée, crachée dessus, griffée, frappée etc. J’ai toujours été volontaires pour gérer les crises, mais en toute honnêteté ma sante mentale est vraiment mise à mal.
Je suis donc payée 950€ par mois pour me faire frapper violemment et parfois risquer ma vie puisque pas plus tard que jeudi dernier, un élève en crise a tenté de me poignarder en pleine gorge avec une pointe en bois venant d’un tiroir qu’il avait cassé.

Depuis un an je remplis constamment le dossier RSST pour faire remonter notre situation, et figurez vous que je n’ai jamais eu aucune réponse de la part de l’employeur. Je me sens démunie, méprisée, pas respectée ..le plus dur dans ce métier c’est le manque de considération que ce soit de la part des collègues, des parents mais aussi de notre employeur qui occulte littéralement les violences que l’on peut subir.

Je suis toujours présente, mais je fais de plus en plus de crises d’angoisse avant d’aller au travail parce que ce métier est extrêmement prenant psychologiquement, en plus de ça personne ne nous reconnaît à notre juste valeur, nous ne sommes que de simples subalternes. Si encore le salaire était respectable je pourrais peut être vivre sereinement de mon métier malgré la violence, parce qu’au moins je ne serais pas constamment angoissée par les factures que j’ai du mal à payer.

Ainsi j’accompagne donc les élèves de l’ULIS sur les temps méridiens. Vous l’aurez compris: je travaille sans pause, de 8h20 à 16h45. Je n’ai aucun moment pour souffler loin des élèves et me ressourcer avant d’attaquer la deuxième partie de la journée.

Je fais cela pour compléter mon revenu, mais aussi par conscience professionnelle car je connais les élèves, je sais les gérer et anticiper leurs crises et leurs besoins, et je leur apporte un cadre de confiance et sécurisant puisqu’ils sont habitués à moi. Et pourtant je ne sens aucune reconnaissance de qui que ce soit même pas de la part des parents puisqu’ils ne dialoguent qu’avec la coordo de l’ULIS qui inévitablement récolte tous les lauriers”

Réponses aux risques de violence dans le contrat AESH : Quelles protections sont en place ?

Le Contrat AESH est un accord de droit public qui assure diverses garanties aux accompagnants, visant à les protéger contre les risques potentiels de violence. Tout d’abord, il offre la possibilité à l’AESH de suivre une formation initiale et continue, notamment axée sur les gestes et les postures à adopter lorsqu’ils interagissent avec des élèves en situation de handicap. Cette formation permet aux accompagnants d’acquérir les compétences nécessaires pour prévenir et gérer les situations conflictuelles ou violentes. En outre, le Contrat AESH prévoit également la mise en place d’un suivi régulier par un professionnel référent, tel qu’un enseignant spécialisé, un psychologue scolaire ou même un conseiller d’orientation. Cette mesure vise à soutenir l’AESH dans ses missions tout en identifiant et en traitant les situations de violence auxquelles il pourrait être confronté.

Enfin, le Contrat AESH garantit le droit à la protection fonctionnelle pour les accompagnants. Cette protection fonctionnelle constitue une assurance offerte aux agents publics, leur assurant une assistance juridique en cas d’atteinte à leur intégrité physique ou morale dans le cadre de leurs fonctions. Par conséquent, si un AESH est victime de violence ou d’agression dans le cadre de son travail, il a la possibilité de bénéficier du soutien juridique et financier de son employeur (l’État ou la collectivité territoriale) pour assurer sa défense.

Néanmoins, malgré ces garanties, le Contrat AESH n’inclut pas de mesures spécifiques pour prévenir et combattre les risques de violence au sein des établissements scolaires. En effet, la réglementation en vigueur s’applique uniformément à tous les membres du personnel éducatif, sans distinction de statut ou de fonction. Ainsi, il revient à chaque établissement scolaire de mettre en œuvre des mesures adaptées pour anticiper les risques de violence et garantir la sécurité de tous les acteurs de la communauté éducative.

De plus, certaines situations particulières peuvent exposer les AESH à des risques accrus de violence, notamment lorsqu’ils interviennent auprès d’élèves présentant des troubles du comportement ou des difficultés psychologiques. Dans ce contexte, il est essentiel que les accompagnants bénéficient d’un soutien renforcé et d’une formation spécifique pour relever les défis inhérents à l’accompagnement de ces élèves.

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