Rentrée scolaire et handicap : « Mon emploi du temps est en perpétuel changement »

Reda azzedu

AESH

La rentrée scolaire est un moment crucial pour des milliers d’élèves en France, y compris ceux en situation de handicap. Dans ce contexte, nous avons rencontré Marie, une accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) à Marseille, qui partage son expérience et son point de vue sur le rôle essentiel des AESH dans l’éducation inclusive.

Marie a passé huit ans en tant qu’AESH et est convaincue de l’importance de fournir un soutien adéquat à ces enfants et adolescents exceptionnels. Cependant, elle déplore que leur rôle ne soit pas toujours reconnu à sa juste valeur par certains professionnels de l’éducation.

“Je me sens parfois comme un pion sur un échiquier”, explique Marie. Son emploi du temps est en perpétuel changement en raison des contraintes du Pial (Pôle inclusif d’accompagnement localisé), qui gère les AESH dans plusieurs établissements d’une même zone géographique. “Bien sûr, ma priorité est d’accompagner les mêmes élèves, mais il arrive fréquemment que je doive remplir un trou ici ou là.”

L’une des principales préoccupations de Marie est le manque de reconnaissance de ses compétences et de son métier en tant qu’AESH. “Beaucoup d’enseignants me voient comme une intruse, perturbant le rythme de leur classe. Ils ne tiennent pas toujours compte des besoins spécifiques des élèves que j’accompagne, bien que quelques-uns soient attentifs et fournissent un soutien, comme des supports numériques ou des documents en double. En tant qu’AESH, j’ai l’impression d’être invisible, que mes compétences ne sont pas reconnues.”

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Marie est également préoccupée par le fait que certains enseignants refusent la présence d’AESH dans leurs cours. Dans de tels cas, le Pial redistribue les heures d’accompagnement, parfois au détriment de l’efficacité.

“Ce qui me choque, c’est que ces enseignants obtiennent souvent gain de cause. Mon emploi du temps est alors réorganisé, et je me retrouve à assister à des cours où ma présence n’est pas véritablement nécessaire. Seuls les parents déterminés, qui font pression sur la direction de l’établissement, parviennent à garantir que les besoins de leur enfant sont pris en compte.”

Pourtant, Marie sait pertinemment que sa présence peut être cruciale pour les élèves en situation de handicap. Elle cite l’exemple de Valentin, un adolescent autiste qu’elle a accompagné au collège. “Mon rôle était de le canaliser, de veiller à ce qu’il reste concentré. Les cours qu’il a manqués étaient précisément ceux où je n’étais pas présent, en raison du manque d’heures disponibles.”

Marie n’est pas seulement une observatrice passive des difficultés. Elle est également proactive dans son approche.

“Je me souviens d’une jeune fille dans un lycée hôtelier où je travaillais l’année dernière. Elle avait du mal à retenir les instructions données par le professeur de pâtisserie au début de chaque atelier. J’ai décidé de l’aider en lui expliquant les étapes au fur et à mesure.”

Malheureusement, de nombreux enseignants ont refusé la présence de Marie pendant leurs cours pratiques. Cela a parfois laissé des plages horaires vides dans son emploi du temps. Pourtant, Marie a décidé de proposer une solution constructive.

“J’ai suggéré à la proviseure d’organiser des ateliers de soutien aux devoirs pour les élèves en situation de handicap. Heureusement, elle a accepté, et cela montre que certains professionnels de l’éducation comprennent la valeur de notre travail. Je suis convaincue que je peux apporter bien plus qu’une simple pièce sur l’échiquier de l’éducation inclusive.”

 

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